Une camionnette vient proposer du pain chaque matin vers 8h. Un petit coup de "pouet-pouet" en passant devant chez nous avant d'aller au fond de l'impasse et de revenir. Très pratique. Pile-poil le temps de préparer la monnaie, de quitter les pantoufles et d'attendre son passage.
Attente plus ou moins longue à l'entrée de l'impasse, c'est plus pratique pour elle. Devant une maison aux volets fermés.
Sa propriétaire l'a quitté pour aller en maison de retraite, son fils, la cinquantaine, habitait avec elle. Les nombreuses allées-venues de véhicules sanitaires divers et variés ont cessé un jour. Je croyais que c'était pour elle. C'était pour lui. Et j'ai appris un jour le décès du fils. Je ne les connaissais pas, juste un signe de la main ou un sourire.
Depuis, la maison est close. Un voisin serviable entretient les abords, passe la tondeuse. Mais les volets restent fermés.
Et je regarde notre maison, je songe à la fragilité des vies, de nos vies. Un pépin de santé, un accident de voiture et notre maison aurait à son tour les volets fermés. Comme à l'époque où nous n'y venions que certains week-end. Comme à l'époque où nous travaillions tous les deux à Dijon. Comme à l'époque du cambriolage.
Avec la poussière qui recouvrirait nos objets, ces marqueurs dérisoires mais ô combien importants de toute une vie. Avec la nature qui se débriderait en l'absence de dompteur, l'herbe qui pousserait, les noyaux des fruits tombés qui deviendraient des arbustes, avec un potager qui disparaîtrait progressivement...
Et je suis triste devant cette maison close.
La camionnette s'arrête devant moi, je prends une baguette "tradition", parfois un "pain fendu" et retourne là où les volets sont ouverts. L'odeur du café, deux tartines de pain frais...
Et la vie continue.
1. par Anthom, le dimanche 02 octobre 2011 à 09h08 commentaire
Brr...ces pensées dominicales me font froid dans le dos!
C'est ce qu'elle était devenue notre Grangeneuve, une maison close au jardin en friche, aux rosiers désolés, aux recoins envahis de poussière et de toiles d'araignées, à l'odeur froide d'abandon...
Ce matin sa grande pièce où j'écris là devant mon ordinateur est inondée d'un clair soleil d'octobre!
2. par Cunégonde, le dimanche 02 octobre 2011 à 09h38 commentaire
Peut être pas et quand bien même, c'est ça la vie. Des maisons avec des volets fermés... l'abandon, la ruine, la disparition de la maison. Puis un jour, la vie revient sous une autre forme.
Il ne faudrait pas s'attacher autant au matériel (immobilier que cela)
Pour un dimanche matin, nous sommes joyeux.
3. par Franck, le dimanche 02 octobre 2011 à 10h38 commentaire
Drôle d'histoire. En attendant tu m'as donné envie d'acheter du pain, ce que j'ai fait en allant tôt au marché ce matin
4. par mirovinben, le dimanche 02 octobre 2011 à 12h55 commentaire
Je pense qu’il est salutaire de relativiser de temps en temps son univers et remettre sa perception des choses (et des êtres) en question, ne serait-ce que pour mieux apprécier le moment présent.
Et je peux vous assurer que la tartine beurrée du matin est un de mes plus grands “petits bonheurs”. Même (et surtout) si ce n’est pas tous les matins. En effet, le plus souvent, je me cantonne à un bol de café.
La vie est belle aussi, parfois, éventuellement, maintenant.
5. par Pep, le dimanche 02 octobre 2011 à 12h55 commentaire
Je ne sais pas trop quoi dire, juste que ça me parle. Et que c'est touchant.
6. par mirovinben, le dimanche 02 octobre 2011 à 12h58 commentaire
Pep, j'ai pensé à toi et à certaines de tes photos en regardant la maison close et en rédigeant ce billet...
7. par Pep, le dimanche 02 octobre 2011 à 14h36 commentaire
À défaut de trouver les mots justes, j'accuse réception.