Un enfant dans une cour vomit son désespoir
crachant sur le béton, le cœur désenchanté,
écrasé par des murs lui refusant l'espoir
un jour d'avoir une fête à pouvoir nous chanter.

Des gratte-ciels infinis dérobent à son regard
la beauté du soleil, la course d'un nuage,
les murailles de ciment, devant ce gosse hagard,
projettent des ombres mortes à faire hurler de rage.

Et voici qu'apparaît entre deux dalles disjointes
une merveille de grâce, une chose si pure
que l'enfant à genoux tenant ses deux mains jointes
contemple sans y croire sa légère parure.

Et cette fleur unique devient son univers,
le matin il la pare de gouttes de rosée
lui parle et l'admire pour son ramage si vert
et pour son cœur de miel sur son aube posé.

Un enfant dans une cour nous raconte ses rêves
dansant sur le béton et saluant sa fleur
découvrant avec joie la montée de la sève.
Fini le désespoir, il a séché ses pleurs.

Il rit de voir un  jour, hors des murailles défaites,
jaillir un fleuve de joie submergeant le ciment,
écrasant la grisaille, proclamant la défaite
d'une ville sans amour dévoreuse d'enfants.

Mirovinben - Août 1972