je suis en train de préparer une série de photos du chat qui a partagé ma vie entre 1977 et 1980. J'ai replongé dans mes coffrets de diapos de l'époque.
C'est un peu difficile.
Pas parce qu'il y a environ 1500 diapos à revoir, dont certaines pour la première fois depuis 25 ans, mais parce que j'ouvre une boîte dans laquelle j'avais enfermé un grand nombre de souvenirs du passé.
Le paradoxe est que ce ne sont pas de mauvais souvenirs pour la plupart.
Simplement, et ceux qui ont lu certains de mes commentaires laissés sur des blogs amis ou ont eu la curiosité de fouiller dans mon site le savent, j'ai perdu un être cher en 1980. Et c'est bientôt la date anniversaire (18 mars...) de ce décès.
Je crois qu'il est plus simple de faire un court résumé de ma vie jusqu'à présent. Cette vie, qui a commencé en juillet 1951, peut être décomposée en 5 parties :
- ma jeunesse, jusqu'à mon service militaire (1973). Rien de particulier a en dire, c'était les 30 glorieuses, beaucoup d'optimisme.
- le célibat. Je quitte mes parents pour voler de mes propres ailes. Formation professionnelle, premier poste à Colmar. Premier logement.
- le mariage en 1976 avec une fille fantastique que j'appellerai ici "Zouzou" (un surnom que ses amis lui donnaient). Une belle personne, pleine d'appétit et de courage : elle est atteinte d'une maladie invalidante mais stabilisée. Seuls ses proches le savent. Les autres n'y voient que du feu car jamais elle ne se plaint. Bénéficiant d'une dispense, elle exerce le métier d'institutrice en école maternelle. Sa personnalité, sa grâce, son entrain m'ont subjugué. Quatre ans et demi d'une vie bien remplie et trop vite interrompue.
- le veuvage. Le courage dont Zouzou a fait preuve, surtout dans les six derniers mois où la maladie de Crohn s'est réactivée, m'a aidé à tenir. Je voulais être digne d'elle. C'était d'autant plus facile que j'étais entouré de ses parents et de son frère, des gens formidables, qui m'ont tout de suite libéré l'horizon en me conviant à refaire ma vie. Nous en avions d'ailleurs parlé également Zouzou et moi alors qu'elle était à l'hôpital St Antoine (Paris). C'est vous dire si elle était à la fois généreuse et lucide. Moi qui ne voulais rien voir du futur et essayais de soulager son présent.
- nouveau mariage en 1982. J'ai rencontré celle qui allait devenir madame Mirovinben. Sa gentillesse, sa discrétion, son sens de l'écoute et son côté infirmière (ce qu'elle est dans la vie !) ont su m'apaiser et me laisser envisager un nouveau départ. Je n'ai jamais fait mystère de mon passé mais j'ai veillé à ne pas l'en encombrer. Et nous avons construit une nouvelle vie. Deux garçons sont nés en 1983 et 1986. Je l'aime profondément. Nous avons su, jusqu'à présent, surmonter les difficultés de la vie. Je suis en pré-retraite depuis juin 2006. Elle sera en retraite fin 2008. Et nous pourrons entamer ensemble une nouvelle étape.
Je suis un peu ému en vous racontant tout ça. Mon style doit s'en ressentir.
Maintenant que cela est mis sur table, je vais pouvoir passer aux photos de "Matoun", le chat qui a partagé notre vie à Zouzou et à moi entre 1977 et 1980...
Je finis de trier les diapos, je les scanne et ponds quelques billets : quelques anecdotes illustrées par quelques photos de l'animal... les plus significatives ou celles qui me paraissent les plus amusantes.
1. par saperli, le mercredi 12 mars 2008 à 10h22 commentaire
il est parfois nécessaire de revenir sur le passé pour mieux appréhender ce vers quoi on souhaite aller.
2. par Franck, le mercredi 12 mars 2008 à 11h10 commentaire
Il est très bien ton style ! Merci d'avoir dévoilé un peu le voile qui couvre le photographe.
3. par Mademoisellem, le mercredi 12 mars 2008 à 11h31 commentaire
Bonjour,
Je crois que votre blog est dans mes liens depuis un bon moment. Au risque de vous surprendre sans me moquer, je vous découvre sous une image nouvelle, car j'ai toujours cru que vous étiez une femme....sans ce post votre féminité aurait perdurée dans mon esprit. Ce retour vers votre passé au delà des mots, et des moments difficiles pour vous, m'aura ouvert les yeux.
4. par meerkat, le mercredi 12 mars 2008 à 12h13 commentaire
Je crois que nous portons toujours en nous ceux que nous avons aimés et qui ne sont plus. C'est avec eux aussi que nous avançons et reconstruisons. Bien sûr que tu n'as pas "encombré" Madame Mirovinben de tes souvenirs, mais que là tu relies celles qui ont partagé ta vie, eh bien c'est l'image de la vie, des relais qui se passent, rien ne s'efface et tout se transforme. Cela me touche beaucoup.
Suis impatiente de découvrir Matoun.
(huhu, cela fait au moins deux fois que je vois que tu es pris pour une femme )
5. par peano, le mercredi 12 mars 2008 à 15h28 commentaire
Je suis de 1950.
J'ai aussi scanné des diapos des années 1973 et suivantes, mon mariage, la naissance des enfants....notre vie de jeunes parents...
Comme vous, de bons souvenirs avec toutefois moins de moments douloureux que les vôtres.
Mais je disais récemment à des collègues plus jeunes ( je suis dans l'enseignement ), ce travail d'archivage est à faire plus régulièrement
car quand on retourne sur des photos datant de trente ans bien des êtres aimés ne sont plus là, les vieux de l'époque, c'est nous maintenant...
Mais rassurons-nous... Les beaux jours à venir ne sont pas encore passés...
6. par brol, le mercredi 12 mars 2008 à 18h32 commentaire
Je me sais pas suffisamment fort pour affronter sereinement le passé à travers des images qui ne bougent pas sans m'en ressentir plombé pour des jours et des nuits de ressassage... Alors, les photos... bien remisées au fond d'un tiroir, dans une boîte que j'ai remplie à la Gaston, en ayant fait un tri drastique préalable un jour où la colère était prédominante.
Je me sais suffisamment lâche pour n'y pas aller fourrer mon nez, les jours avec et les jours sans.
Je déteste les photos des gens. Elles me rappellent trop ceux qui ne sont plus à mes côtés, vivants ou morts logés ici à la même enseigne. Comme une visite nostalgique en un cimetière honnis, sans aucune autre possibilité que de subir l'absence.
Je préfère les images qui bougent en vrai, en son, lumière, odeur, toucher.
7. par mirovinben, le jeudi 13 mars 2008 à 08h50 commentaire
Merci pour tous vos commentaires...
Que certaines blogueuses aient cru que j'étais de sexe féminin m'étonne un peu mais ne me gêne finalement pas tant que ça. Malgré un système pileux plutôt abondant (hormis côté cheveux qui sont rares et taillés très courts) de plus en plus côté "sel" du "poivre et sel" et typique du mâle, je suis persuadé d'avoir une part de féminité en moi. Je ne sais pas trop où elle se niche mais je l'assume volontiers. Juste que mon étonnement persiste face au fonctionnement de la gente féminine. Mesdames, je n'ai pas trouvé encore votre mode d'emploi...
Et je m'en réjouis : la vie serait plus triste si je vous comprenais.
Concernant les photos du passé, surtout celles qui ont été si bien et si rapidement rangées que j'ai oublié les avoir prises, beaucoup d'entre elles montrent des personnes qui ne sont plus là. Finalement, après un premier moment de surprise, ça me fait plaisir de les revoir et de me rappeler les circonstances qui ont amené à cette... heu.. immortalisation.
Ma grande question, c'est de savoir ce que je vais faire de tout ça... Les revoir une autre fois ? Les montrer à d'autres ? Les enfouir à nouveau et laisser ma femme et/ou mes fils les découvrir, perplexes, après ma mort ?
Finalement, l'option de vous présenter mon chat et, pourquoi pas, son copain Bibiche (le chien des parents de Zouzou) à travers quelques photos techniquement réussies (il y en a) est sans doute un début de réponse à cette question.
8. par Flo, le jeudi 13 mars 2008 à 10h51 commentaire
c'est très touchant ce que tu nous contes là...
mon père et sa belle-soeur, ont une phobie de perdre ce genre de mémoire, mon père a méticuleusement rangés toutes les photos, toutes les diapos, avec l'arrivée du scanner dans les foyers, il s'est offert l'un des meilleurs et a presque tout numérisé, rangés, nommés, étiqueté...
on a retrouvé des valises de photos en vrac à la mort de mes grands-parents au moment de vider les maisons, il y a 4 et 2ans. Je crois qu'il commence tout juste à voir la fin de son classement.
9. par Mademoisellem, le jeudi 13 mars 2008 à 14h10 commentaire
Re bonjour,
Je ne sais pas pourquoi, lors de mes premiers passages ici mon esprit a décidé d'attribuer une identité féminine à ce blog. Je pense que votre sensibilité aux choses et la façon dont vous les racontez sont une des raisons. J'aime bien passer ici car j'apprécie la phrase d'introduction dans le titre, et puis je trouve que l'endroit est calme et apaisant.
Pour en revenir au sujet, il y a peu de temps j'ai retrouvé des diapos de mon père qui dataient de 1957, je ne l'ai connaissaient pas. Elles étaient bien conservées, je crois que ça vaut le coup de garder toutes ces images. Les faire développer est une excellente idée
10. par mirovinben, le jeudi 13 mars 2008 à 15h20 commentaire
oups ! j'ai oublié de souhaiter la bienvenue à Mademoisellem.
@Flo : je me suis fait prêter un scanner à diapo qui n'est pas de première jeunesse. Il me faut 3 minutes par diapo avec un chargeur qui ne peut accueillir que 4 diapos. Donc pas mal de manips sans compter les phases préalables de visionnage et de présélection.
@Mademoisellem : merci pour tes compliments. Il semble que mes visiteurs et visiteuses apprécient ce côté calme et apaisant. Sinon, pour ce qui est de conserver, je garde tout (même les ratées) et, surtout, dans de bonnes conditions : dans un endroit sec, à l'abri de la lumière et de la poussière. D'ailleurs je dois signaler ici que les diapos Kodak n'ont pas bougé alors que les Fuji ou Agfa ont mal vieilli.